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3. Justification du titre du projet


Le goût amer du sucre, La face cachée du sucre, Plaisir coupable auraient été des titres possibles. Et, pourtant, les élèves ont choisi d'intituler leur projet :

Criminelle Gourmandise.


Pourquoi Criminelle Gourmandise ?

En référence bien sûr à Voltaire mais aussi à Victor Schoelcher quand il réclame, en 1842, l'abolition immédiate de l'esclavage qu'il qualifie de "chose criminelle", et, par là-même, au sucre de canne que l’on associe au plaisir alors qu'il s’est très vite retrouvé au cœur de la traite négrière afin de satisfaire la demande toujours plus forte des Européens friands de ce goût. C’est donc la traite atlantique qui fit du sucre un produit de consommation courante alors qu’il était une denrée rare jusqu’au XVIème siècle et signe de distinction sociale.

Spécialisation des esclaves

Rapidement, découvreurs et colonisateurs comprirent que le Nouveau Monde permettait de créer d’immenses plantations de tabac, de coton, de céréales et surtout de canne à sucre qui est originaire du Sud-Est asiatique et qui a constitué pendant longtemps l’une des principales sources de saveur sucrée du monde. Ainsi, Christophe Colomb embarqua, dès son deuxième voyage en 1493, des plants venus des Canaris qu’il fit acclimater à Saint-Domingue qui se transforma, petit à petit, en véritable "usine à sucre" en devenant le premier producteur mondial au XVIIIe siècle. Dès 1700, on y produisait 3 000 tonnes de sucre avec 30 000 esclaves ; en 1790, la production atteignit 80 000 tonnes obtenues avec 500 000 esclaves.

Les pertes humaines y étaient importantes : à Saint-Domingue, un tiers des captifs mouraient dans les trois premières années et la moitié des survivants décédaient après huit ans de travail et sévices. C’est pourquoi les plantations sucrières renouvelaient régulièrement leur main d’œuvre pour pouvoir satisfaire aux envies toujours croissantes en sucre de l’Europe.

Planteurs et contremaîtres y étaient moralement et physiquement violents envers les esclaves qu’ils considéraient comme des bêtes, des outils ou des objets. Tout y était fait pour les déshumaniser.


C’est donc bien l'asservissement de millions d’êtres humains qui démocratisa le sucre si prisé en Europe et en France qui, à elle seule, déporta 1,6 million d’esclaves aux Antilles dans les plantations, la canne à sucre remplaçant petit à petit les autres cultures.


Ce sont pour toutes ces raisons que ce projet se nomme Criminelle Gourmandise, même si d’autres formes de travail esclave ont été vues et étudiées, sans lien parfois avec le sucre, les esclaves pouvant, en effet, être, par exemple, des artisans, des domestiques, des commerçants, ... et ceci en fonction des contextes historiques, géographiques et sociaux. Malgré les abolitions, condamnations et interdictions, l’esclavage a persisté, comme, par exemple, en France, via le travail forcé et la réquisition de main d’œuvre que les élèves ont abordé à travers la construction du chemin de fer Congo-Océan ; ou ailleurs dans le monde, sous des formes toujours variées, avec l'esclavage moderne.



"On conviendra qu’il n’arrive point de barrique de sucre en Europe qui ne soit teinte de sang humain."

Helvétius, De l’esprit, 1758.


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