Pour rappel, les élèves ont décidé de présenter une pièce traitant de la thématique 2022 du Concours "La Flamme de l’Égalité": "Travailler en esclavage" composée d'un sucrier-sac ayant deux anses aux symboliques fortes, d'un fouet, d'une houe et de bracelets afin de mettre en avant les multiples dimensions du travail en esclavage, la grande diversité des conditions à travers les époques et les lieux ainsi que leurs conséquences.
Tous ces éléments ont été fabriqués, dans les ateliers du lycée, par les élèves.
Ci-dessous un court film vous présentant quelques photos et vidéos d'élèves en train de fabriquer la pièce.
Vous retrouverez tout en bas de cette page la vidéo présentée au Concours.
I. La création du sucrier
A. Fabrication du sucrier-sac
Les élèves ont tenu à ce que leur sucrier ressemble à un gâteau, à une pâtisserie ou à une brioche en référence au nom de leur projet, Criminelle Gourmandise et à la citation de Voltaire.
Maquette en feutrine du futur sucrier
Fabrication du sucrier en cuir
Création des mains mutilées d'hommes, de femmes et d'enfants à l'estampage à chaud
Ces mains montrent le fait que tous les âges et tous les sexes pouvaient et peuvent encore être victimes du travail esclave, que tous étaient et sont réduits à de simples forces ou outils de travail. Des doigts manquent afin de rappeler la dangerosité de ce travail et les mutilations qu'il pouvait provoquer.
Quelques raisons de la persistance au cours des siècles jusqu'à aujourd'hui de cette pratique comme la pauvreté, les dettes, la cupidité, ... apparaissent sur le sucrier.
Les raisons de la persistance du travail esclave
La fabrication du sucrier a demandé aux élèves plus de vingt heures de travail dans les ateliers de Cuir et Maroquinerie de l'établissement.
B. Fabrication de l'anse ensanglantée avec les morceaux de sucre
Les élèves ont choisi de fabriquer leurs morceaux de sucre non en cuir mais en papier kraft afin que la lumière de la guirlande puisse passer à travers et être bien visible. Cette lumière symbolise les idées des Lumières et la citation de Voltaire, la mémoire de l’esclavage qui ne doit jamais s'éteindre ainsi que la lutte contre l'esclavage et donc contre le travail esclave.
Ces morceaux de sucre sont tachés de sang car ils représentent les souffrances et les violences subies par les esclaves, leurs terribles et inhumaines conditions de travail.
C. Fabrication de l'anse avec les breloques
Les élèves ont choisi de traiter et de montrer divers aspects du travail esclave et sa grande diversité à travers les âges et les lieux ainsi que leurs conséquences grâce à une série de breloques toutes en cuir.
Liste des breloques fabriquées :
un livre d’Ésope, célèbre fabuliste de l'Antiquité et ancien esclave,
un glaive et un trident pour les gladiateurs ainsi qu'en référence à Spartacus et au soulèvement d'esclaves qu'il dirigea,
deux tabliers : un blanc pour les domestiques et un marron pour les esclaves dits "Ã talents",
un dé pour les esclaves couturiers,
un filet de pêche pour les esclaves pêcheurs,
un pain pour les esclaves boulangers,
une pierre et un diamant qui évoquent le travail esclave dans les carrières et mines,
un grain de café et deux feuilles de tabac pour les esclaves travaillant dans les plantations,
une locomotive et un chemin de fer en référence à la construction de la ligne ferroviaire du Congo-Océan,
une brique et un tapis rouge, vert et bleu.
Ci-dessous deux références directes à l'Antiquité avec Ésope et les gladiateurs :
Fabrication du trident des gladiateurs esclaves
Le dé à coudre des esclaves couturiers
Le filet de pêche en cours de fabrication
Le couteau des esclaves bouchers
Le pain en cours de fabrication
La brique
Le tapis en cours de fabrication
Ils ont en outre créé une pierre et un diamant rappelant le travail esclave dans les mines et carrières depuis l'Antiquité en Europe et dans le monde.
Deux feuilles de tabac et un grain de café ont été fabriqués en lien avec le travail esclave dans les plantations.
Fabrication de deux feuilles de tabac
Les deux feuilles de tabac
Le grain de café
Les élèves ont tenu à évoquer le travail forcé avec la construction du chemin de fer Congo Océan ici représenté à travers une locomotive et des rails ci-dessous en cours de fabrication.
Une fois toutes les breloques terminées, les élèves les ont fixées sur une chaine.
Fixation des breloques sur la chaine
Et premiers résultats :
Résultat final :
D. Fabrication des deux étiquettes d'affichage de prix
Sur les œillets du sucrier, ont été fixées deux étiquettes. Grâce à la technique de l'estampage à chaud, les élèves y ont écrit Code Noir ainsi que la citation de Voltaire à partir de laquelle ce projet a été construit :"C'est à ce prix-là que vous mangez du sucre en Europe".
Technique d'estampage à chaud sur les deux étiquettes d'affichage de prix
Les élèves ont tenu à écrire Code noir qui a légitimé tant de violences et d'horreur et la citation en doré sur les deux étiquettes qu'ils avaient au préalable volontairement lacérées et abimées, en référence au travail des esclaves et à leur condition notamment dans les mines d'or.
II. Fabrication de trois éléments très symboliques
A. Le fouet
Les élèves ont eu l'idée de fabriquer un fouet en référence au Code noir, à la soumission et à la domination d'un homme sur un autre, aux maîtres, aux contremaîtres et à leurs violences, aux humiliations, aux souffrances physiques et mentales ainsi qu'à toutes les formes d'atrocités subies par les esclaves marqués dans leur propre chair par leur condition servile et leur travail.
Il est composé d'un manche rappelant la canne à sucre et de lanières. Quand on le retourne, ces dernières deviennent les racines de la plante symbolisant la cause de la réduction en esclavage de millions d'êtres humains, le sucre.
B. La houe
Ci-dessous la fabrication de la houe, outil très utilisé par les esclaves dans toutes les plantations de canne à sucre, de coton, de café, ... Il symbolise l'exploitation et la sur-exploitation de ces êtres humains ravalés au rang de simples objets, d'instruments et d'outils.
Cet outil fait aussi référence aux "nègres de houe".
Il a été volontairement abimé afin de mettre en valeur la pénibilité du travail servile et l'usure des corps qui en découle.
C. Les sept bracelets d'esclaves
Quelques bracelets d'esclaves ont aussi été fabriqués. Ils portent tous une étiquette comme celle qui indique aujourd'hui le prix des produits. Cette dernière fait donc encore référence au fait que les esclaves n'étaient pas et ne sont pas encore vus comme des êtres humains à part entière mais comme des outils que l'on pouvait et peut encore acheter ou louer, des forces de travail, de simples marchandises ou objets.
Bracelets en cours de fabrication
Sur ces étiquettes, apparaissent les noms de quelques esclaves comme Héva de la Réunion, Claire de Guyane française ou encore Moima de Mauritanie.
Fabrication des étiquettes pour les bracelets
La pièce terminée :
L'intégralité du travail de fabrication de la pièce a demandé aux élèves plus de quatre-vingt heures. Beaucoup d’éléments ont été créés à plusieurs mains. Il est à rappeler qu'au mois de septembre, aucun d'entre eux n'avait jamais travaillé le cuir.
Vous pouvez retrouver des étapes de la fabrication de cette pièce accompagnée d'explications dans la vidéo ci-dessous qui est celle présentée par les élèves au Concours.
"Il n'y a qu'un combat qui vaille, c'est celui de l'Homme."
Charles de Gaulle